« Trailer », bientôt « ultra-trailer » ?

Jérémy Fontaine, responsable de l’agence d’AViSTO Sophia, est un homme d’aventures. Avant de rejoindre AViSTO en 2015, il a réalisé un tour du monde en traversant l’Asie du Sud Est, l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Amérique du Sud. Lors de ce périple, il a atteint le sommet du Huayna Potosi, en Bolivie, à plus de 6000 m d’altitude. En 2017, il a gravi le Mont Blanc. Depuis, il s’est lancé dans la pratique du trail, avec pour objectif de s’attaquer à des distances de plus en plus longues. En juillet dernier, il a ainsi participé à l’ultra-trail Côte d’Azur Mercantour, version 95 km et 5800 m de dénivelé, qu’il a parcouru en 20 heures et terminé à une très belle 21ème place. Il nous raconte.

 

Q : Pour commencer, peux-tu nous expliquer ce que sont un trail et un ultra-trail ?

Le mot trail dérive de l’anglais et signifie piste, sentier ou chemin ; pour résumer, il s’agit de courir sur les sentiers, en terrain naturel, en opposition à la course du route. Quand on avoisine les 100 km et au-delà, on parle d’ultra-trail.

 

Q : En juillet dernier, tu as participé à l’Ultra-Trail Côte d’Azur Mercantour, version 95 km. Raconte-nous…

Nous avons démarré à 5 heures du matin, avec les lampes frontales. Le manque de sommeil et l’appréhension d’un tel défi ont rendu les débuts difficiles.

Les premières lueurs du jour m’ont aidé à me mettre dans la course, à tel point que je suis arrivé au premier point de ravitaillement avec 45 minutes d’avance sur mon plan de marche.

En pénétrant dans la vallée, la chaleur est devenue très élevée, rendant la fin du premier tiers du parcours très éprouvante pour l’organisme.

Un peu plus loin, à la base de vie de Roquebillière, j’ai pu faire une vraie pause pour manger et changer mes vêtements mouillés.

Après environ 7 heures de course, j’avais parcouru 53 kilomètres, il en restait encore 42 et 3000 mètres de dénivelé.

 

Q : Encore un marathon ?!

C’est bien ça ! Je suis reparti vers 14h, un premier coup de barre et surtout la chaleur ont grandement compliqué les choses : c’est bien simple, j’avais l’impression de ne plus avancer.

J’ai pu bifurquer vers un sentier ombragé, ce qui m’a permis de reprendre mes esprits et de continuer à un meilleur rythme.

 

Q : Tu as couru tout seul ou en équipe ?

Seul jusqu’au ravitaillement du 70ème kilomètre, vers 18h. Là, mes deux amis et collègues Richard (Tournois) et Thibault (Mehrenberger) m’attendaient, et ils sont repartis avec moi. Richard pour un kilomètre vertical, Thibault jusqu’au bout.

Psychologiquement, ça m’a fait un bien fou. Nous avons pris un bon rythme, redoublé beaucoup de concurrents, ce qui te donne encore plus d’énergie.

La nuit a commencé à tomber, nous avons allumé les lampes frontales, j’ai eu mon dernier gros coup de fatigue vers 22h30, mais je me suis accroché et l’adrénaline de la fin de course m’a permis d’aller de l’avant et ainsi de franchir la ligne d’arrivée avant 1h du matin.

 

Q : A ce moment-là, comment te sentais-tu ?

J’étais content d’arriver, étonnamment frais et lucide. J’avais pris du plaisir durant la majorité de la course et j’avais une heure d’avance sur mon plan de course.

 

Q : Parlons maintenant de ta motivation. Qu’est-ce qui t’attire dans l’ultra-trail ?

J’ai un besoin constant de me dépasser, de jouer avec mes limites. Les courtes distances (15 – 30 km) ne me motivent pas, j’aime repousser mes capacités de résistance toujours plus loin. Plus que de chercher à performer en vitesse sur des courses de plus petit format.

De plus, la pratique du sport en général et de la course à pied en particulier me pour moi procure un vrai bien-être. C’est en quelque sorte un exutoire.

Enfin, la recherche du dépassement de soi permet une forme de reconnexion avec soi-même. Tu ne peux pas tricher, c’est juste toi, ton corps et ton mental, sans échappatoire possible. Et la récompense, c’est la connaissance de soi.

 

Q : Comment as-tu commencé ?

De par ma nature, j’aime explorer. Lors de mon tour du monde en 2013-2014, j’ai redécouvert la montagne ainsi que la reconnexion à la nature et l’humilité qu’elle apporte. On ne peut pas tricher en montagne. Les éléments auront toujours raison…

Ensuite, j’ai été embarqué dans la création d’un club de trail fin 2020, à Saint-Jeannet (06). Au début, l’idée de parcourir 20 km m’impressionnait, c’est depuis devenu une banalité. C’est un sport auquel on prend vite goût, et que je pourrais même qualifier d’addictif.

 

Q : Quelle préparation as-tu suivie pour ton trail ?

Les puristes suivent des programmes très précis, font attention à leur hygiène de vie ; je me contente pour l’instant de beaucoup courir (en distance et en dénivelé). Pour te donner une idée, durant les 8 premiers mois de l’année, j’ai déjà parcouru plus de 1500 km à pied avec un dénivelé positif total de plus de 70 000 m.

 

Q : Quel est ton prochain défi ?

L’objectif est clair : dépasser les 100 km ! Mais ça n’est qu’une étape, l’objectif que j’ai en tête est de pouvoir réaliser un premier 100miles (160km), la distance reine de la discipline.

Ce n’est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. On parle de formats de courses qui s’étalent sur plus de 24h, peuvent approcher voire dépasser les 48h… Il va falloir continuer d’être régulier dans l’entrainement mais aussi suivre une préparation plus spécifique que ce que je fais aujourd’hui.

 

Q : En 2022, chez AViSTO Sophia, Thibault a parcouru un 500 km à vélo lors de la Race Across France. Walter a terminé la mythique Pierra Menta (90 km de ski alpinisme, avec 10 Km de dénivelé positif) et toi tu es proche des 100 km en trail. C’est impressionnant ! Cela a-t-il favorisé un élan vers le sport à Vallauris ?

Beaucoup de personnes se sont mises au sport plus régulièrement. Que ce soit du vélo, du crossfit, de la course, du squash ou simplement « aller à la salle », c’est top de voir cet entrain pour se bouger et lutter contre notre vie sédentaire derrière un écran. C’est d’ailleurs en voyant tout cet élan sportif que nous avons eu l’idée de créer la Transpaca, le relai multisports qui a relié les agence d’ADVANS Aix-en-Provence et d’ADVANS Sophia entre elles.

Quand on fait du sport, le point important n’est pas la performance en elle-même. Chacun a son niveau, chacun a ses propres contraintes pour pouvoir s’y investir. Ce que j’aime dans le sport c’est de repousser ses limites, de se challenger. De se fixer des objectifs, mais surtout de se donner les moyens de les atteindre. Un objectif n’est pas forcément un chrono ou une distance effrayante… ça peut commencer par se fixer une rigueur et faire une séance par semaine. C’est un objectif en soi. Et si on s’y tient le reste suivra… peut-être un peu trop d’ailleurs ! ça devient vite addictif cette histoire. Au final, il vaut mieux abuser de sport que de bières, non ? Les deux ne sont pas incompatibles ceci-dit…

 

Q : Tu as mentionné la Transpaca : y aura-t-il une édition 2023 ?

Absolument, nous travaillons déjà à son organisation ! Elle aura lieu les 12 et 13 mai 2023. Les motivés peuvent déjà réserver leur week-end, que ce soit pour nous accompagner sportivement ou logistiquement.